Les origines de Rogny

Rogny est situé dans la vallée du Loing. Son origine est très ancienne puisqu'elle date des Romains. En témoignent des médailles, et des monnaies retrouvées sur d'anciennes voies,  datant de l'empereur Constantin (306-337) et du tyran gaulois Tetricus(268)  actuellement conservées dans le Musée d'Auxerre.(16 médailles romaines, 4 jetons, 1croix en cuivre, une plaque en cuivre ainsi que 107 pièces  et une urne en poterie noirâtre)

La formation de son sol remonte à l'époque tertiaire, les terres sont argileuses, argilo-sableuses et argilo-siliceuses. Les argiles rougeâtres et blanchâtres seront utilisées pour la fabrication de la tuile. On y trouve également des terres blanches et crayeuses et de la pierre à chaux. A certains endroits, le grison (poudingue un peu ferrugineux) affleure dans les sols peu profonds. Les plateaux renferment beaucoup de gros silex, blonds non roulés, dont certains ont des dimensions énormes.

Au Moyen-Age, les terres du Bas-Bourg sont marécageuses et le village se regroupe sur une colline autour de l'église, le Haut-Bourg. Ainsi, au XIème siècle, se fonde une paroisse sous le nom de Roignacum d'où Roigny et Rougny anciennes formes du mot Rogny.

M. Moiset s'est penché sur l'étymologie: " Ce nom, dit-il, dont la première syllabe s'est changée du XIVème au XVIIème siècle de Roi en Rou  n'avait-il pas subi antérieurement des transformations? Avant le XIVème siècle n'a-t-on pas dit Regny, Rigny, Reigny? S'il en est ainsi, il y aurait lieu de faire dériver ce nom du gentilice Rennius, sorti du nom gaulois Renos, venu lui-même du nom de fleuve."

Fief de Rogny:

Ce fut à l'origine un grand fief dont les seigneurs prirent le nom. Le premier connu est Guillaume, sire de Rogny, qui épousa Isabeau de Courtenay. Eudes, leur fils, avait 18 ans  quand il succéda à son père comme Seigneur de Rogny,vers 1380.

Extrait de "Rogny depuis les origines à nos jours par G.Gauthier":

"Les habitants de Rogny furent  pendant plusieurs siècles sous la puissance de leurs seigneurs; ils souffrirent en outre de toutes les guerres du Moyen-Age et des temps modernes. La Puisaie fut entièrement ravagée au XIVème siècle lors le la lutte entre Armagnacs et Bouguignons et Rogny n'échappa point aux extractions de l'aventurier Perrinet Gressart, préposé à la garde de la châtellerie de Saint fargeau...

Il ne fut pas davantage épargné pendant la Fronde puisque c'est sur son territoire que se déroula une partie du combat de Bléneau. En effet, Turenne établi à Briare, ayant appris que Condé, maître de Montargis, marchait sur Bléneau, donna ordre au Maréchal d'Hocquincourt, qui occupait cette dernière ville, de placer ses dragons pour défendre le passage du canal..."

M.Moiset ajoute: " le 6 avril 1652, 200 cavaliers royaux, revenant d'une reconnaissance du côté de Château Renard, se disposaient à bivouaquer près de l'église de Rogny quand l'avant garde du prince, conduite par de Beaufort, fond sur eux à l'improviste, les met en fuite et et les poursuit jusqu'aux environs de Saint-Eusoge où ils passent à la nage et à gué la rivière du loing."

(Les documents sur le combat qui s'en suivit à Bléneau peuvent se consulter sur le site de cette ville.)

La population de Rogny eut encore à souffrir des guerres de Louis XIV, à payer de nombreux impôts, à subir l'hiver rigoureux de1709 et à endurer la famine qui en résulta.

Historique des Sept Ecluses:

Bon nombre de textes et documentations sont à disposition à l'Office de Tourisme de Rogny et sur son site:

www.rogny-les-7-ecluses.fr

Extraits d'un texte de M.Dévy:

" L'histoire du canal de Briare est celle du Bas-Bourg de Rogny...La première idée de ce travail remonte à l'année 1604. Henri IV l'accueillit avec faveur et en 1605, sous la direction de Hugues Cosnier,12000 hommes firent les terrassements et 6000 hommes de troupe furent nécessaires pour maintenir l'ordre. L'affluence de ces ouvriers avait obligé les  entrepreneurs à installer des espèces de cantines dans lesquelles les hommes qui n'habitaient pas les villages voisins trouvaient à se restaurer. Il fut alors instauré une monnaie conventionnelle, moyennant laquelle on délivrait aux travailleurs la nourriture nécessaire. Les ouvriers étaient ainsi payés en partie avec des jetons de cuivre ou méreaux. 

Malgré les résistances de ceux dont le canal traversait les propriétés, les travaux furent activement poussés. Abandonnés à la mort de l'ingénieur et pendant la guerre de trente ans, ils furent repris en 1638 par Guyon, sieur du Chesnoy et Boutheroue qui, selon leur engagement, livrèrent le canal à la navigation en 1642... Les travaux d'art les plus considérables furent exécutés à Rogny, où au moyen de sept écluses superposées, les bateaux gravissaient une montagne de 34 mètres d'élévation."

Les protagonistes:

C'est grâce à Henri IV et son premier ministre Sully, en 1597, que furent développées sur une grande échelle les voies de navigation alors inexistantes. Le projet de départ, ambitieux, était de réunir la Méditerrannée à l 'Océan Atlantique et la Manche. Vision grandiose mais utopique pour l'époque. Finalement, Sully commanda la construction d' écluses pour développer le commerce entre provinces , réduire les disettes et ramener la paix dans le royaume.

Heni IV (1553-1610)

           

 

Hugues Cosnier, né à Tours en 1573, décédé à Paris en 1629 :

Il n'en existe aucun portrait.

Cosnier n'est pas un inventeur à proprement parlé (le principe du canal à bief de partage fut élaboré en théorie par Adam de Craponne environ 50 ou 60 ans plus tôt), mais son génie consiste à avoir su synthétiser toutes les connaissances d'alors dans le domaine de l'hydrologie appliquée à la navigation. Contrairement à une idée largement répandue, Léonard de Vinci n'est pas l'inventeur de l'écluse à sas, même s'il a beaucoup travaillé sur la question et a même conçu des canaux. Le principe du sas à niveau variable existait bien avant lui, de même que celui des portes dites "busquées" qui forment un angle pointé vers l'amont de manière à résister à la pression de l'eau selon un principe proche de celui de la voûte mais appliqué à l'horizontale.

Dessin de Léonard de Vinci (portes busquées et ventelles)

Auto-portrait vers 1512

Le chantier du canal de Briare  est adjugé à Cosnier en 1604 et les travaux commencent en juin de l'année suivante. Entre- temps, il a modifié le tracé du projet, et a proposé des écluses en maçonnerie plutôt qu'en charpente, trop fragiles à ses yeux. Tout au long du chantier, il va innover et trouver des solutions adaptées aux problèmes posés. Le dessin actuel du canal est révélateur de ses changements d'opinion.

Il commence à partir de la Loire, à Briare, emprunte la vallée et le lit de la trézée que le canal ne quitte qu'à Moulin-Neuf pour se hisser sur les plateaux de la Gazonne. Mais quand il arrive de l'autre côté, dans le Loing à Rogny, il constate qu'emprunter le lit même d'une rivière  n'est pas sans inconvénient, et il perchera dorénavant son canal à flanc de coteau, hors d'atteinte des crues dévastatrices de la rivière, ne gardant avec elle que trois points de contact: à Rogny et à Châtillon-Coligny, où ils se croisent, et à Montargis où le canal s'épanche finalement dans le Loing.

Il préconise aussi, pour les écluses, leur remplissage et leur vidange par des aqueducs passant dans les maçonneries, bien plus pratiques(mais plus chers) que les ventelles ordinaires en bas des vantaux des portes. Autre innovation et pas des moindres : l'écluse multiple. La conception de Cosnier était de diviser le canal en biefs aussi longs que possible, terminés par des ouvrages qui permettraient de franchir un haut dénivellé d'un seul coup. Ainsi est née l'idée de l'écluse multiple, qui comporte plusieurs sas successifs, dont le prototype est celle de Rogny. Cosnier a aussi établi un vaste système d'alimentation de son canal, multipliant les captages sur les rivières Trézée, Bourdon, Loing et les nombreux étangs du plateau de la Puisaye.

Napoléon III (1808-1873)

Le gouvernement de Napoléon III  décida par la loi du 1er août 1860 de racheter le canal de Briare, le prix était  de 6 264 839 francs soit 208 927 par actions. Certaines formalités traînant, l'Etat n'entrera en possession du canal qu 'en 1867 et exploitera les sept écluses jusqu'en 1880.  Cela va permettre le passage d'embarcations de 32 mètres de long, 5 mètres de large et d'un tirant d'eau de 1m80. Le trafic annuel allait de trois à quatre mille bateaux. En 1880, les 7 écluses furent remplacées par 6 autres séparées par un bief sur un tracé contournant la colline. Elles répondent aux exigences du gabarit Freycinet, ministre des Travaux Publics. Elles furent définitivement abandonnées en 1887, tant à cause de leur consommation  en eau que  de leur taille qui ne correspondait plus aux besoins des péniches  modernes.

Elles furent classées" monument historique" le 29 décembre 1983.

 

Les Sept Ecluses actuellement, cartes et photos.

Dessin d' Annie-France Gaujard (pointe Pilot)

 

 

 

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